Menu Fermer

Des pistes pour la protection de l’eau de Troyes

L’avenir de la ressource en eau de l’agglomération troyenne est un sujet de préoccupation majeur pour les élus du COPE-Territoire Eau Potable Troyes. Cette question a fait l’objet d’un séminaire aux Vassaules, en décembre et janvier, afin de définir les actions à mener en faveur des captages stratégiques.

Dans la continuité de l’état des lieux de la ressource en eau dressé lors de la table ronde du 21 octobre 2021, les élus du COPE-Territoire Eau potable Troyes se sont réunis lors de deux sessions à huis-clos au siège des Vassaules pour tenir un séminaire d’information approfondi. Il s’agissait de « mettre un maximum d’informations sur la table à propos de la préservation de la ressource », a indiqué Marc Bret, Président du COPE (Conseil de la politique de l’eau). Avec un objectif : anticiper et prendre toutes les mesures nécessaires pour la pérenniser qualitativement et quantitativement.

L’eau de Troyes et de son agglomération provient actuellement à 82 % de Courgerennes et à 18 % de Servigny, cette répartition variant d’une année à l’autre. Des zones de captages très différentes sur le plan géologique, qui connaissent également des problématiques particulières. Le site de Courgerennes délivre une eau de bonne qualité au regard des analyses effectuées par l’ARS, mais avec une vigilance à maintenir sur des résidus de pesticides aujourd’hui définis réglementairement comme « non-pertinents ». Et un risque de pollution accidentelle n’étant pas écarté, cela incite également à la prudence. Le site de Servigny, dans le Sud-Est du département, connaît pour sa part une problématique liée à la présence de pesticides agricoles et au fort ruissellement sur sa partie viticole.

Dialogue de terrain primordial

Rodin Tamburini, coordinateur de l’animation territorialisée pour la protection et la reconquête des milieux au SDDEA, a présenté dans le détail les données techniques disponibles aux élus du COPE sur ces sujets de préoccupation essentiels. Actuellement, le choix de ne plus exploiter le captage de Jully-sur-Sarce reste en vigueur, du fait de la variabilité des paramètres de qualité, encore mal connus et maîtrisés. Mais il pourrait reprendre du service, une fois toutes les conditions de nouveau réunies. Sur les sites de Servigny et Jully-sur-Sarce, les élus devront présenter avant la fin de l’année un plan d’action aux services de l’Etat, pour apporter des solutions aux pressions qui pèsent sur ces zones sensibles. Et pour trouver des leviers d’action efficaces et durables, il ressort clairement de ce séminaire que le dialogue de terrain avec les acteurs locaux, et particulièrement les agriculteurs, va s’avérer essentiel dans les mois et les années à venir. Jusqu’à présent la sensibilisation sur le terrain a été portée essentiellement par la Chambre d’Agriculture de l’Aube. L’animation territorialisée, l’un des axes majeurs de la Stratégie 2100 portée par le SDDEA et sa Régie, viendra renforcer les actions de partenariat.

D’autres bassins, dans d’autres départements, connaissent des problématiques semblables et des pressions sur la ressource en eau. Lors de la session du 30 novembre 2021, deux grands témoins ont été conviés à apporter leurs retours d’expériences, en complément des données fournies par les services su SDDEA. Christine Combe, chargée de mission environnement au Service des eaux de la ville de Lons-le-Saunier (Jura), a expliqué les actions menées dès 1990 en matière de prévention face aux problèmes de qualité de l’eau (nitrates et pesticides). Avec un objectif : amener les agriculteurs à modifier leurs pratiques. Puis dans les années 2000, la ville a décidé de soutenir les conversions vers l’agriculture biologique. Des démarches qui ont obtenu des résultats mais avec les nouvelles contraintes climatiques qui pèsent sur l’eau, la vigilance et la sensibilisation constantes restent nécessaires.

Des résultats et des obstacles

Pour sa part, Hugo Giffard, Chargé de mission Eau sur le territoire de la Vanne, a présenté la démarche de protection des captages menée par Eau de Paris dans la vallée de la Vanne et du ru de Saint-Ange (Yonne), qui alimente la capitale grâce à ses sources. Celles-ci font l’objet d’un suivi renforcé en matière de nitrates et pesticides liés aux activités agricoles. A partir de 2008, Eau de Paris a fait le choix d’appuyer financièrement et techniquement le développement de systèmes agricoles garantissant la protection de la ressource sur les aires d’alimentation de captage. Les exploitations agricoles volontaires et éligibles peuvent bénéficier d’un régime d’aide, notamment pour passer en bio. La dynamique ainsi engagée s’avère très positive mais les résistances et les obstacles restent forts, notamment du fait de l’étendue de l’AAC et de la dispersion des points de captage.

Les élus troyens ont pris note de ces retours très enrichissants. Pour le Cope-Territoire Troyes, les actions prioritaires vont se concentrer sur les captages de Servigny et Jully-sur-Sarce, et sur la définition des actions à mener dans le cadre de l’animation territorialisée, qui n’en est qu’à ses débuts.

Lucile Gaillard, Directrice générale Adjointe Gestion des Milieux, Prévention et Patrimoine, et Stéphane Gillis, Directeur Général du SDDEA et de sa Régie, sont intervenus en préambule du Conseil Municipal de Troyes, le 4 février 2022. À la demande du maire François Baroin, qui a salué leur expertise, ils ont présenté aux élus troyens l’état des ressources en eau potable actives dans le COPE-Territoire Troyes. Dans son introduction, Marc Bret, Président du COPE-Territoire Troyes, a souligné que « la ville de Troyes possède un véritable trésor » avec ses ressources en eau potable, dont il faut préserver la quantité et la qualité face au changement climatique : il s’agit « d’une question stratégique majeure », a souligné M. Bret, en saluant l’engagement du SDDEA et sa Régie, qui s’investissent « avec passion » aux côtés des élus du COPE.

Posted in Compétences, COPE Territoire Troyes, Eau Potable