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Démoustication de confort

La démoustication que l’on dit de confort a pour objet la maîtrise des proliférations excessives de moustiques, fréquentes sur les vallées de la Seine et de l’Aube et causant de nombreuses nuisances pour les habitants et touristes fréquentant ces zones. Il ne s’agit pas d’éradiquer les espèces mais bien de faciliter notre cohabitation.

La démoustication ne se limite surtout pas à une action de traitement. Il s’agit d’une stratégie territoriale complexe, nécessitant de s’intéresser aux espèces rencontrées et au fonctionnement des écosystèmes qui les abritent pour définir la meilleure intervention.

Cycle de vie des moustiques

Les moustiques sont des diptères ayant la particularité de se développer en deux phases : une phase larvaire aquatique puis une phase adulte terrestre.

Cycle de vie des moustiques

La phase larvaire se caractérise par une évolution en 4 stades suivi d’un stade de nymphe avant l’envol (correspondant à la chrysalide chez les papillons). Lorsque les moustiques s’envolent, les mâles et les femelles jouent un rôle important dans la pollinisation, butinant les fleurs pour se nourrir. C’est une fois reproduit que les moustiques femelles ont cette nécessité de prélever du sang. En fonction de l’espèce, le prélèvement sanguin peut être effectuée sur les hommes, les oiseaux, les mammifères ou les amphibiens.

Après avoir piqué, la femelle est prête à pondre. Elle recherche ainsi la zone favorable au développement de ses œufs, zone appelée « gîte larvaire ». En fonction des espèces, les gîtes larvaires peuvent être très similaires mais également très différents. Certaines espèces pondent sur le sol avant que les rivières ou les nappes viennent remettre en eau les œufs (c’est le cas des Aedes), d’autres pondent directement sur l’eau, affectionnant parfois les milieux naturels, parfois les récipients de nos jardins contenant de l’eau (c’est le cas des Anopheles et des Culex).

Les espèces de moustiques concernées

Les vallées de la Seine, de l’Aube et de leurs affluents disposent d’une mosaïque de zones humides remarquables permettant la reproduction et le développement de nombreuses espèces de moustiques. Sur les plus de 60 espèces présentent en France métropolitaine, 21 sont présentes sur le territoire de compétence et seulement 4 provoquent une gêne avérée.

  • Aedes rusticus : Moustique de grande taille, il est le plus rencontré sur le territoire. Ses larves peuvent rester dans l’eau tout l’hiver dans les mares forestières de la vallée (. Il pique dès la fin avril et s’avère très agressif.
  • Aedes sticticus : Moustique de petite taille, il est le moustique provoquant les grandes invasions estivales. Il est actif dès le mois d’avril mais a la capacité de se reproduire plusieurs fois en une saison, lui permettant d’être actif jusqu’au mois d’aout. Il affectionne l’ensemble des zones humides des vallées de la Seine et de l’Aube.
  • Aedes vexans : Similaire au précédant par sa taille, il est très présent lors des remises en eaux estivales et pique à partir de juin. Il affectionne les vastes prairies humides et se reproduit plusieurs fois.

 

  • Culex pipiens : Malgré sa préférence pour les récipients de nos jardins, il peut être observé partout à la seule condition que l’eau soit stagnante. Il est de petite taille et pique de nuit, de préférence à l’intérieur des maisons
Gîte larvaire Aedes rusticus
Gîte larvaire Aedes Sticticus
Gîte larvaire Aedes vexans
Gîte larvaire Culex pipiens

La surveillance organisée par le SDDEA

La surveillance du milieu joue un rôle crucial pour mener à bien les opérations de démoustication. Le SDDEA a ainsi misé sur le développement de la connaissance de la problématique moustique en générale, mais également la connaissance du territoire. Chaque gîte larvaire potentiel (milieu d’eau stagnante temporaire favorable au développement des larves de moustiques), est cartographié et vérifié lors des périodes critiques de développement des larves. Étant donné la taille du territoire, la diversité des milieux et des espèces de moustiques rencontrées, la connaissance sur ces gîtes est en perpétuelle amélioration. Cette surveillance accrue est particulièrement intéressante pour traiter les larves à la meilleure période, mais également pour limiter l’utilisation des produits de traitement au strict nécessaire.

La surveillance des gîtes larvaires est complétée par la mise en place de pièges à moustiques adultes sur le territoire, en fonction du besoin. Ces pièges fonctionnent par mimétisme du comportement humain en émettant de la chaleur et du CO2. En s’approchant du piège, les femelles à la recherche d’un repas de sang son aspirées. Ce dispositif n’a pas vocation à limiter la gêne mais à améliorer la connaissance sur les phénomènes observés. Ainsi, en fonction des espèces rencontrées et de la période, nous sommes en mesure de mieux comprendre leur comportement et de cibler la recherche de nouveaux gîtes potentiels.

Les campagnes de traitement

Les campagnes de traitement visent à atteindre les moustiques au stade de la larve. Dans le cadre des activités de démoustication de confort, aucun traitement adulticide n’est réalisé, pour 2 principales raisons :

  • les surfaces à traiter une fois que le moustique vole seraient beaucoup trop importantes ;
  • le produit utilisé pour les larves fait partie des produits les plus sélectifs, limitant l’impact sur le milieu, alors que les produits adulticides peuvent impacter un large cortège d’espèces, dont l’homme. Ces produits sont donc réservés aux crises sanitaires et leur utilisation est très encadrée.

La substance active du biocide utilisé pour les larves de moustique est le Bacille de thuringe (BTI). Il s’agit d’une substance biologique composée de bactéries et protéines qui s’attaques au tube digestif des diptères. Il est reconnu comme particulièrement sélectif et inoffensif pour les espèces de faune et de flore non-cibles. Dans son objectif de gestion intégrée de la compétence, le SDDEA maintien cependant une veille bibliographique importante sur le sujet et applique au maximum le principe de précaution.

Les traitements que le SDDEA réalise peuvent être :

  • terrestres, via le déploiement des équipes au sol qui traitent les petites surfaces à l’aide de granulés de BTI ;
  • aériens, grâce à l’intervention d’un hélicoptère d’une entreprise spécialisée.

 Les surfaces traitées d’une année à l’autre sont très variables et dépendent principalement des conditions hydrologiques rencontrées. Chaque montée des eaux et crue en période printanière peut nécessiter la réalisation d’un traitement. Seuls les gîtes identifiés comme positifs à la présence de larves lors de la phase de surveillance sont traités. Depuis 2016, les surfaces traitées par an ont varié entre 200 et 700 ha.

L’identification des mesures préventives : plan de gestion des gîtes larvaires

Dans la volonté d’inclure la démoustication dans une démarche globale de développement durable, le SDDEA a décidé de développer ses pratiques préventives dans le cadre de la diminution de la gêne provoquée par les moustiques. Pour continuer de répondre à la demande des riverains tout en diminuant les traitements, la mise en place d’actions sur les gîtes larvaires reste l’alternative existante la plus écologiquement supportable et économiquement rentable.  

Bien que les milieux des vallées de la Seine et de l’Aube soit naturellement favorables aux moustiques, un diagnostic approfondit de 70 gîtes larvaires a permis de souligner que près de la moitié des gîtes étaient d’origine humaine (49 %). Les impacts des activités humaines peuvent avoir de nombreuses conséquences : problématiques d’écoulements, diminution ou disparition de la faune prédatrice, accumulation des larves de moustiques par ruissellement…

Ainsi, afin d’aborder la gestion des gîtes larvaires, le SDDEA se doit de travailler sur les points suivants :

  • améliorer la qualité biologique des milieux, en replaçant le moustique à la base des chaines alimentaires, aussi bien au stade adulte qu’au stade larvaire (création de mare, fauche tardive…) ;
  • garantir le fonctionnement hydraulique des milieux naturels et artificiels (écoulement des eaux, connexion entre les différents milieux aquatiques…) ;
  • optimiser les traitements en favorisant leur application au sol (plus réactif et moins contraignant) et en affinant les connaissances sur les espèces ;
  • communiquer sur nos actions et travailler sur l’acceptabilité de la gêne.