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Démoustication d’été : l’urgence d’agir

Suite aux fortes précipitations de la mi-juillet, les agents du SDDEA sont mobilisés pour évaluer et traiter au plus vite la prolifération des moustiques. La situation est inédite en cette saison.

Les agents de la GeMAPI du SDDEA sont sur le pied de guerre : les intempéries, conjuguées aux températures élevées qui ont suivi l’épisode pluvieux, sont extrêmement favorables au développement des larves de moustiques. Depuis le 19 juillet, ils quadrillent donc les 112 communes de compétence démoustication du Syndicat pour des relevés d’observation sur les zones à risque des vallées de l’Aube et de la Seine. Et le verdict est sans appel : il faut traiter massivement.

« C’est la première année qu’on doit surveiller ici en été depuis la prise de compétence du SDDEA il y a cinq ans. Cette crue d’été est exceptionnelle, dans certains secteurs l’éclosion des moustiques va exploser », indique Julien Delhostat, ingénieur démoustication au SDDEA. Face à l’urgence, et d’après les observations des agents, le SDDEA a commandé un passage d’hélicoptère les lundi et mardi 26 et 27 juillet pour traiter quelque 500 hectares. « Il va passer surtout sur la vallée de l’Aube, de Plancy l’Abbaye en allant presque jusqu’à Brienne-le-Château, en fonction de nos relevés. Cela nécessitera une quinzaine d’heures de vol sur deux jours », explique Julien Delhostat. L’hélicoptère ne traitera pas les cultures, mais toutes les prairies, peupleraies, et les fossés, remis en eau.

« Le traitement est extrêmement efficace »

Et en attendant, tout en effectuant leurs relevés, les agents présents sur le terrain traitent eux-mêmes manuellement toutes les zones auxquelles ils ont accès. « Le traitement est extrêmement efficace. Il agit dans la journée et tue les larves de moustiques dans l’eau. En binôme on peut traiter 5 ha par heure », précise Julien Delhostat. C’est pourquoi il effectue sa tournée ce mercredi 21 juillet en compagnie d’Éric Prévôt, technicien démoustication au SDDEA. Quatre agents de la GeMAPI sont venus en renfort pour les aider. En prévision de telles situations, tous ont été formés au certibiocide, le certificat professionnel nécessaire pour utiliser le produit.

Le traitement manuel consiste à disperser des grains de maïs concassés imprégnés de Bti (bacille de Thuringe) dans les eaux où les larves de moustique pullulent : celles-ci ingèrent rapidement la bactérie et meurent. L’hélicoptère épandra le même traitement sur les zones survolées, mais sous forme liquide. « C’est le traitement le plus sélectif contre les moustiques », souligne Julien Delhostat. « Il n’est pas nocif pour les autres espèces et l’environnement, et pas toxique pour l’homme. »

Course de vitesse

Pour savoir où traiter, l’observation des larves n’est pas difficile : on les voit se tortiller à la surface de l’eau où elles respirent, dans les flaques, fossés, mares et autres zones remises en eau par les pluies et les inondations (lire ci-dessous). Mais toutes les zones inondées ne sont pas infestées de larves : là où le courant est constant il n’est pas nécessaire d’intervenir, et si le passage de l’eau vers l’aval est interrompu par une route, il bloque de fait la circulation des larves. Dans ce contexte, on trouvera donc une concentration supérieure de larves en bordure de voirie, ce qui facilite le traitement manuel.

Le moustique qui privilégie les zones inondées et ouvertes pour se reproduire est l’Aedes Vexans, de la même famille que l’Aedes Rusticus, le moustique rustique qui, lui, préfère les sous-bois. Les agents du SDDEA observent aussi l’Aedes Sticticus, très présent à ses côtés. « On observe l’Aedes Vexans partout et on le traite dès qu’on peut. Il est très gênant pour l’homme », explique Julien Delhostat. « C’est une course de vitesse : dès qu’il est éclos, il vole très bien et peut se disperser sur 10 km. »

Une chasse aux larves très fructueuse

« Sur les 25 espèces de moustiques présentes ici, chacune a une stratégie différente pour se développer ! », explique Julien Delhostat. Les moustiques de la famille des Aedes pondent sur des sols secs ou humides, et éclosent quand ces milieux sont remis en eau par la pluie et/ou les inondations. C’est ce qui se produit en ce mois de juillet particulièrement pluvieux dans les vallées de la Seine et de l’Aube. L’ingénieur désigne une large flaque d’eau boueuse sur un chemin forestier à Méry-sur-Seine, près du fleuve en crue : « Chaque point noir, c’est une larve de moustique ! » Et en regardant de plus près, on observe en effet une quantité impressionnante de ces larves de quelques millimètres qui respirent à la surface de l’eau. « On peut les trouver dans les flaques, les ornières, les trous d’arbres, partout sur le territoire avec les eaux pluviales », explique-t-il. « Celles-ci sont des larves de moustiques domestiques qui piquent jusqu’en septembre : c’est celui qui vient vous bourdonner dans l’oreille le soir… » Les larves traversent quatre stades au cours de leur croissance, avec une mue à chaque stade. Après quelques prélèvements dans des tubes, il traite la zone observée au Bti.

Pourquoi ils piquent, ou pas

Aux côtés de Julien Delhostat, Eric Prévôt plonge son épuisette dans l’ornière. Il montre sa pêche : « On peut voir une larve qui bouge, et ça c’est une nymphe », dit-il, en désignant une petit boule noire. A ce stade intermédiaire entre la larve et le moustique adulte, la nymphe ne se nourrit plus mais puise dans ses réserves. Il se penche vers l’ornière : « Là on voit un moustique qui va s’envoler. Ils mettent une à deux heures pour émerger. »  Les mâles sortent les premiers mais ils ne piquent pas. Les femelles de certaines espèces piquent pour obtenir une protéine sanguine qui leur permettra de pondre et de se reproduire. Mais pour désagréables qu’ils soient en trop grand nombre, les moustiques sont aussi des insectes indispensables : « Ce sont d’excellents pollinisateurs », souligne Julien Delhostat. « Ils mangent aussi le phytoplancton dans les milieux excédentaires en nitrate. Et ils constituent le premier maillon de la chaîne alimentaire. » C’est pourquoi l’objet de la démoustication n’est pas d’éradiquer les moustiques mais de limiter leurs populations.

Deux jours de traitement aérien

Les repérages effectués, le passage de l’hélicoptère les 26 et 27 juillet 2021 a bénéficié de conditions climatiques très favorables, surtout pour son deuxième jour : « Une petite pluie c’est bien car ça permet de lessiver la végétation après l’application du produit », explique Julien Delhostat, ingénieur démoustication au SDDEA. « Et aujourd’hui nous n’avons pas du tout de vent. » Après être passé sur les zones préalablement repérées et cartographiées de la vallée de l’Aube, l’hélicoptère de la société Air Champagne traite plusieurs zones de la vallée de la Seine, sur les communes de compétence démoustication du SDDEA. En cette matinée du mardi 27 juillet, il fait des aller-retours en se posant dans une prairie à Saint-Oulph afin de se ravitailler en produit biocide. Ses deux réservoirs emportent chacun 150 litres, épandus en quinze minutes. Deux véhicules de ravitaillement le suivent pour passer d’une zone à l’autre. Le moustique d’été aime les milieux ouverts, à la différence du moustique d’hiver, ce qui facilite le traitement aérien en cas de pic d’éclosion. Mais « c’est la première fois que nous traitons en cette saison depuis la prise de compétence du SDDEA », souligne Julien Delhostat.

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