Assemblée générale restreinte GeMAPI : le défi de la protection inondation
La compétence GeMAPI du SDDEA ouvre une nouvelle période budgétaire de quatre ans, en concertation avec les élus des Bassins. Les années qui viennent seront rythmées par les actions et travaux sur le terrain qui s’intensifient. En matière de protection inondation, le travail à mener sur les merlons représente un programme particulièrement conséquent pour la décennie à venir.
Le SDDEA doit déployer tous les moyens nécessaires pour mettre en œuvre la protection inondation des communes qui lui ont transféré leur compétence GeMAPI. Cela implique une connaissance très précise du territoire et notamment l’inventaire des merlons. Le 5 novembre 2024 en Assemblée générale restreinte GeMAPI-démoustication, la présentation du diagnostic territorial des merlons, ces ouvrages s’apparentant à des digues, et de leur potentielle utilité face aux inondations, a donné à elle seule une idée de l’ampleur de la tâche restant à effectuer…
Eloi Thorel, technicien ouvrages hydrauliques et lit majeur au SDDEA, a présenté cette étude aux élus, avec ses premiers résultats. Le diagnostic a porté dans un premier temps sur le recensement des ouvrages en Seine depuis l’aval de Troyes jusqu’à la sortie du département. Il s’agit d’identifier « les ouvrages qu’on ne connaît pas et qui ne sont pas classés », a-t-il expliqué. « Il faut donc passer par un diagnostic territorial pour repérer tous ces ouvrages et ensuite déterminer leur rôle. » Le but premier étant de trouver les ouvrages qui jouent un rôle de protection, afin de les faire éventuellement entrer dans une procédure de classement. Car le SDDEA est responsable uniquement de la gestion des ouvrages classés.
Des merlons pas toujours protecteurs
Or « au fur et à mesure du travail, nous nous sommes rendu compte de la quantité d’ouvrages et de la faible proportion d’ouvrages de protection », a souligné Eloi Thorel. Avec pour corollaire une masse d’ouvrages sans rôle protecteur mais pouvant exercer une influence, parfois néfaste, sur l’écoulement des eaux et le fonctionnement hydraulique de la Seine. « Notre sujet d’étude a donc évolué pour passer des merlons de protection aux merlons au sens large du terme. » L’objectif restant d’exercer une gestion au cas par cas de chaque ouvrage.
Le travail de recensement a impliqué un bureau d’étude et les agents du SDDEA sur le terrain. Au final, « si on regarde notre objectif initial qui était de repérer des ouvrages ayant un rôle de protection, nous n’aurions travaillé que sur 2% du linéaire total. Or la classe la plus représentée est celle des ouvrages qui créent des désordres dans la vallée », poursuit M. Thorel. En travaillant sur ces ouvrages souvent anciens, sans nécessairement les détruire, il est possible de supprimer leurs effets négatifs et de retrouver un aspect protecteur : « On va jouer notamment sur les vitesses et les hauteurs d’eau, donc sur le fonctionnement d’une crue dans la vallée. »
Mais il reste à effectuer l’expertise au cas par cas de tous les ouvrages recensés, 208 au total, soit 308 km de constructions cumulées… Un travail colossal qui aboutira à la création de fiches ouvrages, regroupant toutes les information-clés disponibles sur chacun. Le travail d’inventaire se poursuit sur tout le linéaire de la Seine jusqu’à Mussy-sur-Seine.
Protéger jusqu’où ?
« Si on décide de garder un ouvrage au titre de la protection inondation, il faut déterminer jusqu’à quel niveau il peut protéger et dès lors le SDDEA peut garantir la protection jusqu’à ce niveau, mais pas au-delà », a expliqué Jean-Michel Viart, 1er vice-Président du SDDEA et sa Régie, Président du Bassin Seine et Affluents Troyens et vice-président de TCM. « C’est tout le travail qui est en jeu, ce n’est que le début », a-t-il souligné. Il s’agit d’un enjeu majeur pour le SDDEA, les habitants des zones concernées, et aussi les assureurs.
« Si un merlon est considéré comme uniquement protecteur, il devient d’office propriété du GeMAPIen », a aussi rappelé M. Viart en réponse à la question d’un élu. « Il l’entretient, le maintient en état et le surveille. » Si la fonction de l’ouvrage est partagée, surmonté d’une route par exemple, une convention est établie entre le propriétaire et le GeMAPIen : le propriétaire paie les travaux d’entretien de la route, le GeMAPIen paye les travaux d’entretien de l’ouvrage. « Ces 208 points différents représentent 208 façons différentes de mener les réalisations. Il faudra en discuter à chaque fois, ça va être un travail de longue haleine, plus de dix ans de travail en s’y mettant ardemment ! », a insisté M. Viart. « Cette première pierre très importante à l’édifice nous permettra de mieux visualiser le travail qui reste à faire. »

Pour en savoir plus :
- Budgets et cotisations ont été votés lors des Assemblées de Bassins, en octobre, avec une projection budgétaire pluriannuelle (PPI) sur quatre ans, de 2025 à 2028, pour planifier des actions en s’appuyant sur une vision globale pour la gestion des milieux aquatiques.
- Les élus des Bassins ont souhaité pouvoir disposer de quelques excédents pour faire face à toute éventuelle crise (crue exceptionnelle…) à venir.
- Le budget supplémentaire du budget annexe Epage, en hausse, a été adopté le 5 novembre.










Le SDDEA s’attend à une nouvelle année favorable aux moustiques
Après une année 2024 particulièrement chaude et humide, très favorable aux moustiques, le SDDEA anticipe une nouvelle année chargée et adapte ses traitements.
Lors de l’Assemblée générale restreinte GeMAPI-démoustication du 5 novembre 2024, Lucile Gaillard, directrice générale adjointe Gestion des milieux prévention et patrimoine au SDDEA, a rappelé le contexte de cette année particulière qui s’achève : « Nous nous sommes réunis le 11 octobre dernier avec les grands délégués pour faire le point sur tout ce qui s’est passé cette année et tous les enseignements qu’on peut en tirer. » Verdict : les moustiques Aedes Rusticus, Cantans, Sticticus et Nexans ont créé le plus de nuisances cette année. « Ce sont eux qui piquent le plus et qui gênent le plus, donc ce sont eux que nous cherchons à viser en priorité », a-t-elle souligné.
Avec cette réunion d’octobre, « c’est la première fois que nous allons aussi loin dans les réflexions sur les méthodes depuis le premier exercice de la compétence », s’est-elle aussi félicité. Il ressort que 2024 « a été notre plus grosse année d’activité et face aux coûts notre stratégie de consommation des excédents a bien fonctionné ». Mais traiter de front les Aedes Rusticus et Cantans reste un exercice très difficile. « Nous avons donc convenu de bien suivre cet hiver le développement des larves de ces deux espèces et nous verrons avec vous si, au lieu d’effectuer un seul traitement, on ne déphase pas les interventions pour être sûr de notre efficacité. » Etant donné le niveau des nappes déjà haut cet automne, on peut d’emblée s’attendre à une nouvelle année de traitements importants en sortie d’hiver, à moins d’une sécheresse hivernale extrême. « Nous ferons donc un point au mois de février avec les grands délégués pour examiner les observations de terrain », a précisé Lucile Gaillard. Les dépenses de traitement seront donc vraisemblablement aussi importantes l’année prochaine que cette année.
Traitements et aménagements
Pour ce qui est de l’été 2024, c’est le moustique Aedes Sticticus qui a sévi, particulièrement présent et agressif. La commune d’Arcis-sur-Aube a été la plus touchée et les travaux de restauration du ru du Pleuvard, affluent de l’Aube situé à proximité, permettront de réduire la gêne liée aux moustiques, mais cela ne sera pas suffisant. « En attendant que les travaux se fassent, nous avons prévu d’expérimenter un traitement manuel en granulés pour cibler cette espèce dans ce secteur », a expliqué Lucile Gaillard. Et si le déroulement de l’année s’avère favorable à ce moustique, « il est probable que nous ferons des tests sur des gîtes d’été que nous aurons identifié pour voir si nous pouvons canaliser son développement ». Cette année les conditions météorologiques difficiles n’ont pas permis d’intercepter l’Aedes Sticticus à temps avec le traitement par hélicoptère.
Le budget 2025 est donc construit selon ces lignes directrices : s’il reste des excédents sur 2024, ceux-ci vont fondre l’année prochaine. Mais la cotisation va remonter à son niveau du début de la compétence, soit 2,73 €, pour pallier les dépenses supplémentaires et garder une capacité d’action. « Le temps de mener les expérimentations, et ensuite nous verrons dans quelques années. Si à l’avenir nous devions faire face à une succession d’années de type 2024 régulières et qu’il fallait se mobiliser beaucoup plus sur le Sticticus, ce niveau de cotisation ne suffira plus », prévient toutefois Lucile Gaillard. En section d’investissement, le budget inclut notamment l’achat de nouveaux pièges à moustiques, qui permettent d’identifier les espèces présentes dans l’environnement et de prévoir les traitements en conséquence.
