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Les enjeux essentiels de l’eau à l’Assemblée générale
du SDDEA et sa Régie

Le changement climatique et la préservation de la ressource en eau étaient au cœur des travaux
de l’Assemblée générale du SDDEA et sa Régie le 30 juin 2022.

Cette Assemblée générale intervenait après une période de chaleur exceptionnelle, laissant planer le spectre de la sécheresse sur nos territoires comme ailleurs en France. Elle intervenait aussi après les diverses Assemblées de Territoires, qui étaient revenues notamment sur la Stratégie 2100 d’anticipation des impacts du changement climatique sur la ressource en eau. La question des métabolites de pesticides nouvellement analysés par l’ARS avait aussi suscité des questions et réactions auprès des élus. L’Assemblée générale du 30 juin est donc largement revenue sur ces préoccupations essentielles.

Cartes à l’appui, Marc-Eric Joffroy, hydrogéologue à la Régie du SDDEA, a d’abord présenté un état des masses d’eau dans l’Aube. Au 30 juin, la situation apparaissait « tendue pour les eaux souterraines qui n’ont pas, de manière générale, bénéficiées d’une recharge hivernale suffisante » dans l’Aube, a-t-il expliqué. Toutefois « une proportion importante du territoire métropolitain présente des niveaux très bas » et « nous avons la chance d’être sur un territoire pas trop en tension quantitative comparativement à de nombreux autres territoires », a souligné M. Joffroy.

Concernant les eaux de surface, la situation apparaissait « favorable et dans les normales pour toutes les unités hydrologiques » Mais « les trois exceptions concernent la Seine à Bar-sur-Seine, la Seine partielle à Foicy dans l’agglomération troyenne, et la Laine à Soulaines-Dhuys à l’extrémité Est du département ». La pluie a tout de même fini par venir en juin. Mais comme toutes les pluies estivales, elles « n’ont pas d’impact sur la recharge des nappes. Toute l’eau non ruisselée s’infiltrant dans les sols sert à réhumidifier les sols, et cette eau reprise par les racines des plantes n’atteint pas ou peu les aquifères », a rappelé M. Joffroy.

Dans ce contexte, les réservoirs Seine et Aube de l’EPTB Seine-Grands lacs s’apprêtaient à jouer leur rôle normalement. « Les lacs réservoirs Seine et Aube sont remplis, au 27 juin 2022, à 86 et 90 % avec respectivement pour les réservoirs Seine et Aube 172 et 150 millions de mètres cube disponibles pour le soutien d’étiage, et 41 et 31 millions de mètres cube disponibles pour la protection contre les crues », a indiqué M. Joffroy. D’ordinaire le soutien d’étiage débute le 1er juillet, exception faite pour cette année avec quelques jours d’avance.

Les schémas directeurs avancent

Cette Assemblée générale a été aussi l’occasion de faire un point sur l’avancement des schémas directeurs d’alimentation en eau potable, également évoqués lors des Assemblées de Territoires« Les élus ont soulevé un tarif élevé de l’eau lié à la mise en place de ces schémas », a indiqué Stéphane Gillis, Directeur Général du SDDEA et sa Régie. « Nos équipes travaillent actuellement sur un mécanisme d’écrêtement de ces coûts, similaire à celui des frais de structure. » En outre, « des marchés ont été passés et notifiés à des bureaux d’études pour le démarrage des travaux » et « des subventions de l’AESN ont été reçues et nous restons en attente de subventions complémentaires ».

Puis Christophe Cailleux, Directeur du Patrimoine, a présenté les conclusions techniques du schéma directeur du Nord-Ouest Aubois, le plus avancé, et le scénario retenu afin de résoudre les problématiques qualitatives rencontrées sur ce secteur. Le périmètre d’étude portait sur 23 services d’eau alimentant 31 000 habitants, 17 réseaux distincts d’une longueur de 490 km, 29 ouvrages de production répartis sur 23 sites différents et 32 ouvrages de stockage. Le tout permettant de distribuer 2 000 000 m3/an soit environ 5 700 m3/j en débit journalier moyen.

La mise en place du scénario retenu (scénario « E »), nécessitera des travaux importants, notamment : la construction d’une unité de traitement, la pose de 157 km de conduites, la démolition de 25 réservoirs et la construction de 11 autres, la mise en place de 27 stations de reprise ou surpresseurs. Et une conduite dorsale structurante de 48 km sera déployée entre l’agglomération troyenne et les nouveaux réservoirs de Saint-Loup-de-Buffigny et la zone industrielle Aéromia, située entre Romilly-sur-Seine et Maizière-la-Grande-Paroisse. « Une dernière réunion de présentation a été faite en présence des élus le 4 avril dernier à Maizières-la-Grande-Paroisse », a rappelé M. Gillis après cette présentation. « Lors de cette réunion, les élus ont choisi de fusionner les COPE du secteur afin de former un seul et unique COPE. »

« Ressources stratégiques »

Les travaux portant sur ce schéma directeur du NOA représentent un coût total de 84 M€ HT, dont 70 M€ liés aux travaux sur les réseaux. « Finalement, le projet en lui-même a une incidence s’échelonnant entre 0,57€ et 1,43 € HT par mètre cube », a précisé Guillaume Cicéro, Directeur général adjoint Méthodes, Finances et Usagers.

Revenant sur les enjeux liés à ce schéma, Nicolas Juillet a tenu à préciser le projet de dorsale. « Cette dorsale, que certains pourraient appeler autoroute de l’eau, ne doit pas consister à alimenter tout le département avec une seule ressource en eau. Cela n’a pas de sens. Et ce serait pour le moins contre-productif en termes de sécurité d’alimentation en eau potable », a-t-il insisté. « Nous devons considérer cette dorsale, dont l’ossature traverse le département du sud-est au nord-ouest, comme la mise en communication directe d’un certain nombre de ressources d’intérêt stratégique à vocation départementale. » Ce projet a retenu toute l’attention du Conseil départemental, en la personne du Président Philippe Pichery, présent à cette Assemblée. Jean Rottner, Président du Conseil Régional, a également manifesté son intérêt pour ce projet structurant.

« Le modèle une commune / un captage, qui a prévalu dans une partie importante du département pendant de nombreuses années a dorénavant vécu », a conclu M. Juillet. Désormais, « La mutualisation, les interconnexions et le travail autour d’un certain nombre de ressources stratégiques doit constituer notre chemin commun. »

Molécules jamais analysées

La synthèse de M. Juillet portait sur l’ensemble des enjeux connus de qualité, de quantité et de sécurisation, qui comportent aussi la question des pesticides et de leurs métabolites. Une question là aussi largement évoquée dans chaque Territoire de la Régie du SDDEA en mai et juin. Valentin Gondy, Chargé de mission Ressource en Eau, a présenté au cours de l’Assemblée général une synthèse de l’évolution de la réglementation en la matière, et de ses conséquences sur notre territoire. « En 2021, dans le cadre du renouvellement du marché relatif au contrôle sanitaire de la Région Grand-Est, l’ARS a débuté l’analyse de nouveaux pesticides pertinents [au sens de l’ANSES]. Cette évolution a un impact non négligeable à l’échelle de la Région Grand-Est, comme à l’échelle de l’Aube », a expliqué Valentin Gondy.

En effet de nouvelles non-conformités apparaissent entre 2020 et 2021, qui « sont liées principalement à l’analyse du chloridazone desphényl et du chloridazone méthyl desphényl ». « Il ne s’agit pas ici d’une dégradation de la qualité de l’eau du robinet entre 2020 et 2021 mais simplement de l’analyse de molécules déjà présentes auparavant, qui n’avaient jamais été analysées », a-t-il souligné. Le chloridazone est un herbicide utilisé particulièrement dans la culture de la betterave. Il est interdit d’utilisation depuis le 1er janvier 2021. Les travaux liés aux schémas directeurs d’alimentation en eau potable contribueront à solutionner la question des pesticides et de leurs métabolites. M. Juillet tient aussi à ce que le SDDEA et sa Régie soient proactifs en la matière. « C’est tout l’enjeu de la Stratégie 2100 et du partenariat que nous établissons avec Eau de Paris en parallèle des échanges avec d’autres structures », pour anticiper de futures analyses sur d’autres substances, a souligné M. Gondy.

Enfin, à propos de la Stratégie 2100, Marie-Caroline Tiffay, chargée de mission Stratégie 2100, et Marin Schaffner, ethnologue et Grand témoin, sont revenus sur les actualités de l’Observatoire de l’eau. Chaque délégué s’est vu remettre à son arrivée à l’Assemblée générale le livret des Actes de l’Observatoire de l’eau, qui fait la synthèse des travaux de tous les partenaires réunis le 18 novembre 2021 (lire notre article par ailleurs). La première session de l’Observatoire portait sur la thématique Eau et changement climatique : quels modèles et quelles actions pour nos territoires ? La deuxième édition durera une journée entière, entre ateliers, conférence-débat et retours d’expériences. « Nous espérons donc vous y retrouver nombreux le 17 novembre 2022 », a lancé Mme Tiffay.

A savoir

  • La Commune de Luyères transfère sa compétence assainissement collectif à la Régie du SDDEA, par délibération de son Conseil Municipal. Les membres de l’Assemblée générale du 30 juin 2022 ont accepté que la Régie du SDDEA exerce la compétence transférée.
  • Les COPE (Conseil de la politique de l’eau) d’Arrentières/Engente, de la Ferme des Mées, de Maisons-lès-Soulaines et la Commune transférante de Colombé-le-Sec souhaitent fusionner à compter du 1er janvier 2023, sous le nom de
  • « COPE de la région de la Ferme des Mées ». Les membres de l’Assemblée générale ont entériné cette fusion.
  • L’Assemblée Générale est l’occasion d’évoquer les grandes lignes des orientations budgétaires qui seront traduites par la préparation du budget primitif 2023, soumis aux votes des délégués le 13 octobre 2022. Les montants des cotisations 2022 pour l’année 2023 resteront stables. Par ailleurs, l’année 2023 sera l’occasion de fêter les 80 ans de notre syndicat, avec une somme afférente inscrite au budget pour cet événement exceptionnel.
  • Le rapport d’observations définitives de la Chambre Régionale des Comptes Grand-Est-SDDEA qualifie la situation financière du SDDEA de « confortable » et sa démarche partenariale est citée comme « dynamique et constructive ». Face aux membres de l’Assemblée générale, M. Juillet a aussi insisté sur les rappels aux droits et recommandations inscrits dans ce rapport.
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