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A l’Observatoire de l’eau, la ressource disponible mise en lumière

Le travail partenarial de l’Observatoire de l’eau se poursuit et sa 4e édition, le 6 février 2025 à Troyes, a décliné le thème de L’eau en partage. Séances plénières et ateliers ont une fois encore été riches en enseignements et pistes d’action, avec des intervenants de très haut niveau. Voici une synthèse de cette journée.

Les travaux de l’Observatoire de l’eau, initiés en 2021, le conduisent à travailler de plus en plus concrètement sur la question du partage de la ressource en eau, dans un contexte de changement climatique qui va impacter tous nos usages. Les effets de ce changement se font déjà sentir, et beaucoup d’acteurs économiques prennent des mesures d’adaptation et d’anticipation. Ils sont venus en témoigner le 6 février dernier lors de la 4e édition de l’Observatoire de l’eau. Mais repenser nos usages et le partage de la ressource en eau disponible sur notre territoire implique de connaître précisément cette ressource. De quoi parle-t-on au juste ?

Hélène Dentel, chef de projet chez Antea Group, a présenté l’étude en cours de réalisation sur les flux qui constituent cette ressource. Mandatée par la Régie du SDDEA pour effectuer cette évaluation, elle a présenté en séance plénière la première vision disponible de tous les volumes d’eau entrants, sortants, prélevés et restitués au milieu naturel. Pour les besoins de l’étude, le périmètre du SDDEA et sa Régie a été élargi, notamment au niveau des têtes de bassins des affluents de l’Aube dans sa partie crayeuse.

Bases de données en commun

« Nous avons effectué un bilan hydrologique qui incorpore les paramètres climatiques et qui puisse être représentatif de ces dernières années, avec une année moyenne », a-t-elle expliqué dans l’auditorium du Centre de congrès de l’Aube, au micro de Denis Cheissoux, animateur de la journée. C’est donc l’année 2020 qui a été retenue, « ni trop pluvieuse, ni trop sèche ». Toutes les données disponibles sur l’hydrogéologie ont été utilisées, de même que celles portant sur les volumes prélevés et les transferts d’eau potable, pour tous nos usages. Les bases de données du SDDEA et sa Régie et des partenaires de l’Observatoire de l’eau ont été mises à contribution : BRGM, Eau de Paris, Seine Grands lacs, IGN (Institut national de l’information géographique et forestière)…

De cette première étape d’étude, il se dégage des ordres de grandeurs : « On observe une très forte pluviométrie sur notre territoire, avec une mobilisation de volumes très conséquents, assez proche de la pluviométrie », a noté Hélène Dentel. « Mais il est trop tôt à ce stade pour parler d’équilibre ou de déséquilibre. » La pluviométrie sur le périmètre d’étude est supérieure à la moyenne nationale, (700 mm, 5 300 Mm3) et présente 32% de pluie efficace qui va soit ruisseler soit s’infiltrer et participer à la recharge des nappes. L’estimation de la recharge s’élève à 1 Mm3 : « Les sols permettent l’infiltration et la recharge représente environ 60% de la pluie efficace, ce qui montre bien la force du territoire en matière d’infiltration », souligne Hélène Dentel.

Les grandes lignes

S’agissant des usages, pour les prélèvements de surface (200 Mm3 hors barrages), 70% sont relatifs à l’énergie, 28% aux canaux, et le solde sert à l’industrie et l’irrigation. Pour les prélèvement souterrains (79 Mm3), la moitié (51%) va à l’alimentation en eau potable, aujourd’hui exclusivement d’origine souterraine, 41% sert à l’irrigation des cultures, l’industrie utilisant les 8% restants. A l’exutoire de ce territoire, la différence entre ce qui rentre et ce qui sort, on trouve 1 360 Mm3 d’eau de surface.

En 2020, les transferts ont été de l’ordre de 4 Mm3 en interne (échanges d’eau entre diverses parties du territoire) et de 15 Mm3 vers l’extérieur du territoire (exploitation et gestion de l’eau potable par Eau de Paris). Ces volumes d’eau potable seront restitués en dehors du territoire, via les systèmes d’assainissement dans la région parisienne.

Des actes pour tout savoir

Chaque édition annuelle de l’Observatoire de l’eau présente une somme considérable de connaissances, d’études, d’échanges. Les actes de l’édition 2024 de l’Observatoire de l’eau permettent de retrouver la synthèse détaillée des travaux menés et présentés le 15 février 2024 lors de la 3e édition. Ce livret de 60 pages en couleurs, richement illustré, à destination d’un large public, décline le thème Changer de regard sur la ressource en eau, qui a servi de fil conducteur à la rencontre. Un tour d’horizon indispensable où l’on retrouve notamment l’éditorial de Denis Cheissoux et le contenu des interventions de Marc-André Selosse, Charlène Descollonges, Agathe Euzen, Marin Schaffner. Les actes de l’Observatoire de l’eau du 15 février 2024, édités par le SDDEA et sa Régie, sont disponibles gratuitement à l’accueil du SDDEA (Troyes, siège des Vassaules) et en version numérique sur notre site internet.

Les plus jeunes participent aussi

Aire éducative fluviale et résidence d’auteur à l’école Gustave-Flaubert de Nogent-sur-Seine : les plus jeunes aussi travaillent en partenariat avec l’Observatoire de l’eau. Les élèves de CM2 de l’école sont venus présenter leurs travaux réalisés autour de l’eau et des milieux aquatiques. Ils écrivent une éco-fiction qui met en scène les habitants de l’aire qu’ils observent, située sur une île sauvage sur la Seine, près de leur école, l’île Olive. Clémence Mathieu, autrice et illustratrice, accompagne les élèves jusqu’à l’édition d’un petit livre regroupant toutes ces histoires. Fresque des habitants de la Seine, dessins de paysages, ébauche des histoires : les participants de l’Observatoire de l’eau ont pu découvrir tous ces travaux, présentés par les élèves eux-mêmes dans l’auditorium du Centre de congrès. Et dans l’après-midi, les petits Nogentais ont profité de leur venue à Troyes pour parcourir les canaux qui traversent la ville.

Marin Schaffner passe le relai

Marin Schaffner, auteur et traducteur, ethnologue de formation, a achevé, à l’occasion de cette 4e édition de l’Observatoire de l’eau, sa mission de grand témoin. Depuis la genèse de l’Observatoire, il avait apporté son expertise de la biorégion et son approche constructive, pour élaborer les documents en restituant les travaux, en collaboration avec les équipes du SDDEA et sa Régie. Pour sa dernière édition en tant que grand témoin, il a écrit cette année un fascicule intitulé Passage de témoin. Il regroupe un entretien avec MM. Juillet et Gillis, des réflexions écrites depuis 2022, et une fiction qui nous propulse en 2050, alors que l’impact du changement climatique est plus que jamais présent. « L’existence d’une structure comme le SDDEA est quelque chose de rare et de précieux historiquement », rappelle-t-il. « Mais elle fait face à des bouleversements multiples qu’il convient de ne pas éluder. » A l’instar de notre ressource en eau et de l’ensemble de nos territoires.

Pour en savoir plus

  • Nombre de participants total sur la journée : 420
  • Nombre de participants total aux ateliers de l’après-midi : 189
  • Nombre de scolaires présents : 69 élèves, dont 45 écodélégués (les établissements présents : collège de la Villeneuve, Collège-Lycée Saint-Bernard, Collège-Lycée Saint-François de Salle, Collège Saint-Pierre-en-l’Isle, Lycée Chrestien de Troyes, Lycée des Lombards)
  • Retrouvez les vidéos intégrales des conférences du 6 février 2025.
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